Eric Sansonnens

Eric Sansonnens

Sculpteur bois

Sculpteur sur bois connu pour sa capacité à transformer des troncs d'arbres abandonnés en œuvres d'art

Eric Sansonnens

Éric Sansonnens est un sculpteur sur bois originaire de Fribourg, connu pour sa capacité à transformer des troncs d’arbres abandonnés en œuvres d’art. Son travail explore la structure du bois, mettant en valeur ses résistances et ses imperfections. Il a remporté plusieurs prix, dont celui de la Fondation Bédikian en 2016, et a participé à des projets multimédia, combinant sculpture et son. Son art invite à une expérience immersive et tactile, et il a collaboré avec d’autres artistes pour créer des installations interactives.

Ses oeuvres

EXPOSITION LE 21 SEPTEMBRE 2021 A O FOBOUR – MARTIGNY 

 

Jalousie basaltique IX –

Chêne oxydé au fer – 2018 – ht.37cm

2'400 CHF

 

Dufrêne autrement II

Frêne – Hauteur 94 cm – 2020

4'200 CHF

 

Jalousie basaltique X

Chêne oxydé au fer – 2018 – 43.5cm

2'400 CHF

 

Frêne oxydé au fer,

Ht. 91cm, 2020

3'600 CHF

 

Bois naturel

Ht. 71cm, noyer, 2017

3'500 CHF

VENDU EKSPERIENS 21

EXPOSITION LE 29 SEPTEMBRE AU PERREY 2021

Orgue

PP

EXPOSITION LE 21 OCTOBRE A L’ESKAL – MARTIGNY 2021

Chêne oxydé au fer

2019 – hauteur 171 cm

9'000 CHF

Vois, les arbres, ils sont.

 

Rainer Maria Rilke, Elégiés dé Duino, 1923

 

Toute vie est affaire d’énergie, besoin commun à la plante et à l’animal. Pour ce dernier – comme pour l’homme, son cousin – il s’agit de picorer, grignotter, cueillir, chasser… impressionner ses congénères pour accéder en priorité à l’énergie convoitée et ne pas finir proie d’un plus fort ou d’un plus rusé. 

Enraciné, silencieux, apparemment immobile, le végétal se nourrit avant tout d’atomes et de molécules présents dans l’air ; c’est l’énergie rayonnante du soleil qui lui permet de les assimiler. Son système racinaire, qui se déploie dans un échange symbiotique avec la profondeur du sol, y puise quelques compléments nutritifs. Entre la plante, l’air et le sol, l’échange est permanent. Pour l’arbre, vivre signifie s’élever, grandir. Dans une relation fondamentale à ce qui l’entoure, à l’espace dans lequel il se ramifie, le végétal se déploie et prend forme. La Forme, dialogue entre l’Etre et l’Espace.

Telles sont les sculptures d’Eric Sansonnens, vibrantes d’énergie, dressées vers la lumière. Fidèles au règne dont elles proviennent, elles disent l’Etre debout, enraciné mais libre dans la relation totale qu’il entretient avec l’Espace. 

L’artiste façonne surtout le chêne et le cèdre. Deux arbres emblématiques de la verticalité, d’une pulsion de vie qui cherche à relier la terre au ciel. Deux arbres imposants et protecteurs, vénérés par bon nombre de civilisations. Lorsqu’il les travaille, le premier dégage une odeur âcre qui l’obsède ; le second le grise de parfums envoûtants. 

Le sculpteur est aussi attentif au frêne, plus modeste dans ses dimensions et dont il aime retrouver la silhouette, là où se trouve l’un de ses ateliers. Ses grandes pièces, l’artiste les réalise en effet au pied d’une carrière de molasse, au front robuste variant du gris de la roche à l’ocre de la paille. Lieu hors du temps, d’une nature puissante et paisible à la fois. De lourdes billes, massives, souvent centenaires, y reposent. Des arbres, qu’il n’a pas choisis sur pied et dont il n’a pas demandé l’abattage. Les pièces viennent à lui et l’attendent là, nichée près d’un ruisseau. D’abord, il les observe. Longuement. Ecoute l’histoire qui les habite. En caresse le cœur, l’écorce, … les parties blessées, …  le bois rongé par la maladie. 

Puis, dressés, l’arbre et l’artiste s’enlacent. Instants d’amour, de colère, de bonheur, de doute … la main s’arrête … le bois impose une respiration … on reprendra demain.

La rencontre est silencieuse, spontanée mais respectueuse et délicate. Devenus continuité l’un de l’autre, isolés du monde par le bruit assourdissant de la tronçonneuse, l’homme et le bois dialoguent. L’épure est à l’œuvre. La forme apparaît. Un jour ce sera celle qui habite le sculpteur, taillée sans grand effort, d’un élan instinctif ; un autre, ce sera celle nichée au cœur du bois que sa douceur et sa tendresse aura su mettre au monde. 

Les volumes sont détachés ; ils s’affirment ; font place à l’ouverture, à l’œuvre, à l’Etre dans l’Espace.

Suivra, un long travail de brossage et d’imprégnation pour inviter l’œil à caresser la subtilité des morsures ; donner à voir les reflets satinés du bois. Blond lumineux du cèdre, à l’image du soleil qui l’a baigné. Noir intense dont le sculpteur aime draper le chêne, souvenir des profondeurs de la terre où l’arbre a puisé sa force et sa stabilité. Signature de l’artiste au bas d’un poème ligneux qu’il rêve de recopier dix fois, cent fois, infiniment … mais qui, chaque fois, s’incarne dans un chant nouveau, au rythme différent. 

Face aux œuvres d’Eric Sansonnens, m’envahit le besoin de cesser de courir ; de prendre le temps de voir ; l’envie de m’enraciner ; de contacter en moi cette structure première qui répond à l’appel que lancent ses sculptures. Comme l’enfant qui, en quelques coups de crayons, fait bien plus que raconter une histoire ; qui dit son monde, sa vérité, son unicité … avec force, en toute simplicité. La nécessité d’Etre.

Des métiers qu’il a pratiqué autrefois – menuisier puis éducateur – Eric Sansonnens a gardé l’amour du bois et une grande délicatesse dans sa manière d’approcher l’autre. C’est pour offrir un totem à son fils qu’un jour il est devenu sculpteur.

Véronique Jost Gara

décembre 2015